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L'art tient les gens en éveil

L'art tient les gens en éveil
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12 juin 2012

Karim Bennani

(Num.197 BOUHIOUI) 10 juin 2012 Karim Bennani est un artiste marocain né à Fès le 2 Janvier 1938. Il entreprend d’abord des études commerciales qu’il abandonne en 1951 et décide de devenir peintre pour « …faire chanter les couleurs de ce pays, comme seuls...
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28 mai 2012

Qui est Farid Belkahia?

 

(Num.195 BOUHIOUI) 27 mai 2012

 

Belkahia? Fils de Kahia? C’est quoi Kahia? Me dis-je quand le professeur d’arts plastiques nous a parlé de cet artiste pour la première fois. Je n’avais alors que 15 ans et passais une bonne partie de mon temps à dessiner et peindre à l’eau. Qui ne connait pas Belkahia au Maroc aujourd’hui?

 

À 78 ans, cet artiste a derrière lui près de soixante ans d’activité artistique. L’influence décisive de son père, qui fréquentait les milieux artistiques étrangers et connaissait d’illustres peintres dont Nicolas de Staël, est incontestable. Il est aujourd’hui impossible de parler de la peinture marocaine, voire maghrébine, sans évoquer son nom.

 

Ce marrakchi de naissance a passé une partie de son enfance à Amezmiz avant d’aller étudier à l’École des Beaux-Arts à Paris en 1959, puis à l’Académie de Théâtre à Prague où il étudie la scénographie.

 

De 1962 à 1974, il est nommé Directeur de l’École des Beaux-Arts de Casablanca où il collabore avec les peintres professeurs Melehi, Chebaa et Hamidi (avec lesquels il organise des expositions en plein air à Marrakech et Casablanca), et les historiens de l’art Toni Maraini et Bert Flint. En 1965, Belkahia part à Milan pour une année d’études à l’Académie Brera où il rencontre des peintres tels que Kounelis, Castellani, Bonalumi et Fontana.

 

Il voyage un peu partout dans le monde et expose ses œuvres au sein de diverses institutions artistiques. Conscient de son héritage multiple : arabe, amazigh, islamique et méditerranéen, Belkahia s’inspire de la « mémoire » de la culture marocaine. En 1965, il abandonne la pratique de la peinture de chevalet pour travailler divers matériaux, en particulier le cuivre et la peau, ainsi que des matériaux naturels fréquemment utilisés au Maroc tels que le henné, le safran et l’écorce de grenade.

 

Depuis 1974, au moment-même où il cesse d’être Directeur des Beaux-Arts de Casablanca, Belkahia retourne à Marrakech et se consacre entièrement à son art.

 

Merci.

BOUHIOUI

 

 

 

21 mai 2012

Qui est André Elbaz?

  

NOTE : Une série de textes sur cette génération d’artistes marocains postcoloniaux qui ont beaucoup apporté à l’art marocain s’impose. Je commence ici par André Elbaz qui vient de rendre une visite bien sympathique à mon atelier, à la galerie « The William Street Gallery » (encore en travaux au moment de sa visite) et à notre centre d’art à Montréal. L’ordre dans lequel je présenterai les artistes de cette génération n’a aucune importance puisqu’il ne suivra aucune logique particulière. L’essentiel est que les textes soient courts pour que nos jeunes artistes sachent qui a fait quoi pour ce beau pays. Ne dit-on pas qu’il faut savoir d’où l’on vient pour savoir où l’on va?

 

 

Qui est André Elbaz?

(Num.194 BOUHIOUI) 20 mai 2012

 

André Elbaz est d’abord un homme qui a su, après près de six décennies de peinture et d’autres activités artistiques, rester simple et curieux. C’est un artiste marocain de confession juive qui est né à Eljadida en 1934 d’un père photographe, conteur, violoniste et luthiste.

 

Elbaz s’est d’abord intéressé au théâtre. À l’âge de dix ans il met en scène des spectacles pour ses amis enfants. À vingt ans, il fait deux tournées avec la Comédie française (Rabat, Casablanca, Meknès, Fès, Tanger, El Jadida) et crée des affiches pour le spectacle "La Station Champ Baudet".

 

La peinture d’Elbaz a été influencée par plusieurs artistes tels que Dufy, Matisse, Braque, de la Fresnay, Rouault, Picasso, Turner, Goya qu’il découvre lors d’une visite à El Prado à Madrid et surtout De Staël qui devint son unique référant durant plusieurs années.

 

Au début des années 60, Elbaz enseigne à l’école des beaux-arts de Casablanca lorsque Belkahia en était le directeur. Il s’en va ensuite vivre à Montréal durant trois années. De retour à Paris en 1973, il reprend son travail d'éducateur, enseigne le théâtre et le mime et met au point ce qu’il appelle « pictodrame ». Durant plusieurs années, il se consacre essentiellement à l'art thérapie. En 1986, il prend part à un stage de  fabrication de papier chez Sonia Gerber à Strasbourg et découvre les possibilités qu'offre à sa création ce nouveau matériau.

 

Au début du troisième millénaire, Elbaz éprouve la nécessite de rendre compte de son époque. Il ressort des dessins, les découpe, et poursuit sa série intitulée « L'Exécution de l'œuvre »,correspondant à environ 621 dessins détruits.

 

Actuellement, Elbaz vit entre Paris, Narbonne et le Maroc avec sa femme Françoise qui travaille étroitement avec lui sur plusieurs projets artistiques et littéraires.

 

Merci

BOUHIOUI

 

 

17 mai 2012

Moderne et contemporain au sens du Maroc

 

(Num.193 BOUHIOUI) 13 mai 2012

 

L’art est moderne ou contemporain dans son propre contexte historique qu’est l’Europe. Alors, que veut dire moderne ou contemporain pour nous, marocains? Peut-être faut-il réinterpréter nos références en fonction de l’expérience propre du Maroc.

 

En Europe, l’art moderne débute au moment de la divergence idéologique avec la pratique conventionnelle en France du 19ème siècle. Au Maroc, l’art moderne est arrivé avec le protectorat qui a induit de grands bouleversements dans les traditions, la politique, la religion et les pratiques artistiques. Avant l’occupation française, nos ancêtres pratiquaient ce que l’on pourrait qualifier d’« art sans artistes. » Le protectorat est ensuite arrivé en même temps que la marchandisation de l’art et la notion d’art d’élite.

 

L’art contemporain occidental, quant à lui, remonte (généralement) à l’expressionnisme abstrait des années 1950, ce qui coïncide avec l’ère postcoloniale du Maroc. L’art contemporain marocain est essentiellement postcolonial. Il n’a pas surgi de nulle part, c’est le résultat de la « digestion de la culture artistique française », et de l’euphorie intellectuelle et novatrice qui a suivi l’indépendance.

 

Le Maroc de l’art a donc connu trois périodes: précoloniale, millénaire et multiple, une période coloniale de découverte et de remise en question, qui correspond au moderne européen, et une ère postcoloniale (contemporain européen), de conscience identitaire, avec de nouvelles voies d’expression artistique où l’on a aussi envie de renforcer les pratiques ayant résisté au protectorat et réanimer les sensibilités esthétiques précoloniales.

 

Merci.

 

8 mars 2012

Exposition collective au Centre d'Art de Montreal

Les artistes BOUHIOUI, Frencine, Jacinthe Larouche et Pierre Lavoie exposent au Musee de la Femme de Longueuil.

Exposition intitulee: « RIEN À CACHER »

Du 1er mars au 17 septembre 2012

Invitation




Exposition collective au Centre d'Art de Montreal

du 29 fevrier au 7 mars 2012

Invitation-Centre d'art de Montréal -1    Invitation-Centre d'art de Montréal -2

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23 janvier 2012

Exposition "Métapeinture, évolution et volition"

 

Montréal le 19 janvier 2012 par -18 degrés!

Vernissage de l'exposition intitulée "Métapeinture, évolution et volition"

à la galerie "Les Démons de Notre-Dame", 1842 rue Notre-dame, Montréal.

Photos du vernissage:

Vernissage Bouhioui 19jan2012 -06  Vernissage Bouhioui 19jan2012 -13

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2 octobre 2011

Grandeur et humilité

 
(Num.39 BOUHIOUI) 01 octobre 2011


Le grand art a, à la fois, un contenu technique, émotionnel, et intellectuel. C’est ce qui exprime le mieux ce que l'on ressent. Il nous touche, nous ravive l’esprit, nous change, et ajoute à notre expérience de la vie sans nécessairement nous imposer ses propres valeurs. C’est aussi ce qui confère une certaine grandeur à son auteur.

Mais attention, la grandeur n’est pas forcément celle qui est accompagnée d’arrogance. La véritable grandeur est simple, humble, discrète, parfois dissimulée. En effet, la marque de la grandeur est le naturel, et les caractéristiques des vrais grands artistes sont l’humilité et la modestie, car la grandeur ne peut exister sans bonté. Oui, les grands artistes ne sont pas ceux qui engagent des agents de relations publiques pour glorifier leur image ; ils sont mesurés, car ils savent que pour arriver là où ils sont, ils ont traversé des moments de peine, de souffrance, de dépression et d’anxiété.

Oui, la grandeur se développe souvent à travers les périodes les plus sombres de la vie des grands artistes. Obsédés par leur travail et son évolution, ils passent par des moments de doute, de remise en question et de profonde introspection.

Il est donc beaucoup plus probable d’être un artiste quelconque que d’être grand. En effet, la grandeur ne nécessite pas uniquement beaucoup de talents, mais aussi du courage, des buts très clairs, un total dévouement, une certaine vision et une bonne dose d’intuition. Et comme il est quasiment impossible de réunir toutes ces aptitudes en même temps, il s’agit peut-être, pour l’artiste qui aspire à la grandeur, de commencer là où il se trouve, avec ce qu’il est, ce qu’il représente, et avec les moyens qu’il possède. Toutes les grandes réalisations ont des débuts modestes. Elles ne se font pas sur des coups de tête ou des impulsions. Elles sont souvent l’union d’une longue série de petites choses. Donc, à défaut de pouvoir faire de grandes choses rapidement, on peut toujours commencer par faire de petites choses, avec grandeur.

Les grands artistes, regardés de près, ne sont que des hommes capables de trouver l’équilibre entre les forces opposées de l’estime de soi et le doute. Ils sont ainsi capables de transformer leur talent, et aussi leurs erreurs, en énergie motrice pour progresser. Ils ont la force de pouvoir combiner une forte confiance en soi avec une profonde humilité afin de rayonner sur le monde.

Certains esprits rayonnent encore depuis plusieurs siècles ! Khalil Gibran rappelait qu’à l’instar de la lumière que nous recevons encore des étoiles éteintes depuis des milliers d’années, nous recevons encore le rayonnement de la personnalité des grands hommes morts depuis des siècles.

Et naturellement, les grands artistes subissent inévitablement les attaques des jaloux, des paresseux et des petits esprits : « Les grands esprits ont toujours rencontré l'opposition violente des esprits médiocres, » Albert Einstein.


Merci.
BOUHIOUI

26 septembre 2011

La légende de l’artiste affamé

 

(Num.38 BOUHIOUI) 24 septembre 2011

 

D’où vient le stéréotype de «l’artiste affamé»?

Il existe plusieurs types d’artistes affamés: les artistes inconnus qui meurent souvent dans la pauvreté, croyant que leur travail les sortirait de la misère sans qu’ils aient à faire des efforts ; les bourgeois qui ont choisi volontairement de mener une vie de bohème pour son charme romantique ; les artistes sans beaucoup d'argent, mais avec beaucoup d'ambition ; les artistes qui ont un peu d’argent mais qui le dépensent entièrement dans leurs projets artistiques ; et puis les autres, ceux qui n’arrivent simplement pas à percer. De manière générale, « l’artiste affamé » ou « l’artiste pauvre » est un artiste qui sacrifie le bien-être matériel pour se concentrer sur la créativité.

Le lien entre degré de souffrance endurée par un artiste et l’authenticité de son art nous vient de la fin du 18ème – début du 19èmesiècle. Cette association, typique du romantisme de cette époque-là, se retrouve dans un grand nombre d’œuvres visuelles, littéraires ou même musicales, telles que l’opéra « La bohème » de Puccini, par exemple.

Et il est vrai que cette légende ne vient pas de nulle part. Le tableau “Chambre à Arles” de Van Gogh 1888, donne une représentation visuelle de ce qu’était la vie d’un artiste misérable du 19ème siècle. Baudelaire noyait son mépris dans l’opium. Et Verlaine se faisait régulièrement chasser à coups de cailloux par des enfants.

De nos jours, partout dans le monde, l’idée de l’artiste affamé évoque encore un sentiment mystérieux et romantique. Elle évoque des histoires d’artistes peintres, de poètes, de musiciens ou acteurs du passé qui avaient choisi une vie de pauvreté pour pouvoir vivre leur rêve.

En raison de la manière dont la littérature et les médias populaires ont dépeint les artistes, ces derniers ont été, eux-mêmes, menés à croire qu'ils doivent mener une vie de pauvreté. Eh oui, c'est plus tentant d'idéaliser des histoires d'échec, comme celles de Van Gogh ou de Mozart.

Il y en a qui se forcent à être misérables, croyant que cela pourrait améliorer leur art. Il existe même des recettes pour se rendre malheureux et produire un art « authentique ! »

Mais en y pensant bien, l’on se rend compte que, généralement, ces artistes étaient pauvres parce qu’ils n’étaient simplement pas doués pour la finance. En effet, il y a eu, et il existe encore, des artistes qui réussissent très bien à vivre de leur art. Certains d’entre eux baignent dans le luxe.

Eh oui, il existe des artistes qui croient encore que la pauvreté mène à un« meilleur » art. Or, lorsqu’un artiste est doué, la pauvreté et le besoin, ne peuvent que nuire à sa créativité. Albert Camus aurait dit, en d’autres mots, à peu près ceci « la souffrance ne fait pas l’artiste, mais l'art fait souffrir. »

 

Merci.

BOUHIOUI

18 septembre 2011

Du dégoût à l’admiration

 

(Num.190BOUHIOUI) 17 septembre 2011

 

Le jour où j’ai découvert Antoni Tàpies était aussi le jour où j’ai été, pour la première fois de ma vie, littéralement dégoûté par une œuvre d’art. Son œuvre intitulée« Grand drap noué aux détritus » et datée de 1971 aura été l’une des rares œuvres d’art à m’inspirer de la répugnance !

 

D’ailleurs, je me souviens que dans le livre que je lisais, on avait intitulé cette œuvre« Grand drap noué aux détruits, 1791 » au lieu de « Grand drap noué aux détritus, 1971. » La personne qui a inscrit ce titre devait être suffisamment dégoûtée pour écrire « détruits »au lieu de « détritus » et « 1791 » au lieu de« 1971. » Enfin, ces œuvres qui offusquent ont au moins le mérite de ne pas laisser indifférent.

 

À part cela, Tàpies, qui est né en 1923 et vit à Barcelone, centre espagnol de l’avant-garde artistique depuis le milieu du 19ième siècle, a eu une carrière prolifique qui dure depuis plus de soixante ans. Sa toute première exposition date de 1950. La même année, il obtenait une bourse pour aller à Paris. Une fois là-bas, il eut la fabuleuse chance d’être apprécié par l’influent critique d’art Michel Tapié (la ressemblance des noms est une simple coïncidence) qui aura défendu l’art de Tàpies avec beaucoup d’enthousiasme.

 

Si je vous parle de Tàpies c’est parce que, entre temps, je suis devenu très curieux de son art, et avide de ses écrits. Il a publié son premier ouvrage, La pràctica de l’Art, à l’âge de 47 ans. Quatre ans plus tard, en 1974, il a publié L’Art contra l’Estética, puis d’autres ouvrages tels que Memòria personal (1978), La realitat com a art (1982), Per un art modern i progressista (1985), Valor de l’art (1993) et L’art i els seus llocs (1999).

 

Au début de sa carrière, il était considéré comme le principal représentant de l’art informel. À partir des années 1970, il a commencé à incorporer dans ses œuvres toutes sortes d’objets. Il était donc relativement difficile de classifier son art vu qu’il révélait des parallèles avec l’arte povera, l’expressionnisme abstrait, le pop art et d’autres mouvements.

 

Peintre, sculpteur, graveur et écrivain, Tàpies est passionné par la philosophie, la littérature et la musique –surtout les romantiques tels que Brahms et Wagner. Mais je pense qu’il est surtout peintre, car il utilise essentiellement de la peinture, enrichie de diverses substances. En effet, sa caractéristique principale est l’usage de pigments appliqués en empâtement épais, auxquels il ajoute parfois du sable et divers matériaux.

 

Son message est axé sur la réévaluation de ce qui est considéré comme bas, répulsif, désagréable ou dégoûtant, comme ces nombreux détritus mués en art. En d’autres mots, rien de ce qui est habituellement méprisé ne devrait l’être. Pour lui, « le moindre geste de vie, un simple graffiti sur un mur, s’il est justifié par un fait humain, a infiniment plus de valeur que toute la peinture des musées, dépourvue de tout lien avec notre existence. »

 

Merci.

BOUHIOUI

--

10 septembre 2011

C’est dans le cheminement

 

(Num.36 BOUHIOUI) 10 septembre 2011

 

Certes, le jour de l’exposition des œuvres est un grand jour pour l’artiste peintre. Le vernissage, les invités, les amis, les médias et les félicitations procurent beaucoup de plaisir et un bon sentiment d’aboutissement. Mais le mot « aboutissement »porte en lui, quelque chose qui semble définitive, qui ne laisse aucune place à l’attente, à l’espoir, au progrès ! L’aboutissement qui rime avec orgueil, doute ou tentations, est le pire ennemi du progrès.

 

Les gens qui aiment l'action et la vie pleine de nouveaux événements éclatants, qui arrivent de nulle part, commettent une erreur double, à mon sens. D’abord, ils ne se rendent pas compte à quel point le cheminement est enrichissant, ensuite ils prennent le risque de n’aboutir à rien d’important. En effet, rien n’est sûr dans la vie, et ce que l’on attend, l’on souhaite ou l’on appréhende n’arrive pas obligatoirement.

 

Si l’aboutissement est le seul souci, comment savoir alors si l’on a pris le bon chemin ? Comment peut-on se passer de toutes ces petites réussites intermédiaires qui accompagnent le cheminement naturel des choses ? Sans les succès partiels, il ne peut y avoir de progrès.

 

Imaginez la différence entre le fait de prendre un moyen de transport pour aller d’un endroit à un autre, et y aller à pied, pas à pas, en observant chaque petit détail sur la route, en s’attardant à chaque endroit attachant. L’on se rend compte alors que chaque étape est importante et que le voyage est souvent plus captivant que l’arrivée.

 

La nostalgie des semaines, voire des mois, passés dans l’atelier à créer, àœuvrer, à préparer les peintures, interpelle habituellement les artistes qui aiment peindre. C’est dans le cheminement que les choses se font ou se défont. Atteindre un but est un bon sentiment, mais le vrai délice se trouve dans tous ces petits plaisirs que l’on rencontre le long du chemin.

 

Le cheminement, est le temps présent, l’avance hésitante, comme l’a dit Franz Kafka « Il y a un but, mais pas de chemin ; ce que nous nommons chemin est hésitation. » C’est l’avance progressive avec un but, une attente, un projet, un espoir de s’améliorer. Le cheminement, c’est ce qui peut nous changer en cour de route. Car, chemin faisant, sans s’en apercevoir, l’on découvre que certaines choses d’apparence anodine peuvent être vitales, alors que celles que l’on croyait importantes peuvent, éventuellement, l’être beaucoup moins.

 

La compréhension chemine avec le processus. En respectant le temps que nécessite le cheminement naturel des choses, l’ont peut changer de direction en cour de route, prendre de nouveaux sentiers, expérimenter de nouvelles choses, faire de nouvelles rencontres et peut-être aboutir à de meilleurs résultats. « ...une œuvre d'homme n'est rien d'autre que ce long cheminement pour retrouver par les détours de l'art les deux ou trois images simples et grandes sur lesquelles le cœur, une première fois, s'est ouvert » Albert Camus (L'envers et l'endroit, Préface).

 

Merci.

BOUHIOUI

 

 
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