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L'art tient les gens en éveil
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8 février 2010

QODAID


 

Les bonnes comme les impénitentes langues volubiles ont tout dit de l’artiste peintre Qodaid. Mais l’artiste semble s’en moquer, un peu détaché, à l’écart, n’ayant cure des débats stériles. C’est un homme très réservé, presque timide. Son téléphone portable ne sonne pas, il est réglé sur ‘vibration’ pour ne pas déranger, ne pas se faire remarquer.

 

Mais ce qui est paradoxal, c’est que ses toiles sont généralement éclatantes de couleurs, parfois troublantes d’agitation! Elles affichent un tempérament qui lui est complètement opposé ! Illustration nette de l’histoire de l’artiste qui naît d’un conflit paradoxal.

 

Contrairement à son comportement en public, quand Qodaid peint c’est pour y mettre toute sa fougue et son énergie, son enthousiasme et son espoir. On dirait qu’il crache des flammes sur ses toiles. Cette forte charge émotionnelle que véhicule le travail de Qodaid est, à mon sens, le miroir de la complexité de son âme. Une sorte de contradiction qui a probablement contribué à faire de lui l’incontournable artiste qu’il est aujourd’hui au Maroc.

 

Son sujet préféré, semble-t-il, est le Maroc authentique. Le Maroc où des milliers de couleurs éclatent tendrement, doucereusement même, pour celui qui sait les déguster. Le Maroc sans influences extérieures. Celui du temps figé, des traces éternelles, des gens, des choses et des souvenirs. Quand on voyage au Maroc, on sent des émotions dont l’impact s’anéantit avec le temps. Et Qodaid sait les faire surgir du néant, les faire survivre ! Esquissant ainsi l’histoire, le destin d’un peuple et d’une terre dans une totale sincérité.

 

Qodaid a su développer un style très personnel –pas besoin d’être critique d’art pour le reconnaître. Son style est caractérisé par un trait spontané, une libre danse mêlée de vifs sauts de la spatule sur ses toiles, une palette nourrie de gaieté, abreuvée de belles nuances et une pâte plutôt épaisse, parfois lourde.

 

En alternant les bleus, les oranges, les mauves et les frémissantes ocres, Qodaid sait instaurer, par un jeu de couleurs judicieusement choisies, parfois opposées, et de formes subtilement inachevées, une dimension difficile à réaliser, celle du mouvement.

 

De sa contemplation attentive des scènes qui s’offrent à lui, il ne retient que l’essentiel, décanté des détails inutiles. Impressions lumineuses brutes sans fioritures. Une recherche permanente de la concision, de la simplification, à la limite de l’épure. Il apprivoise et s’imprègne de l’ambiance des villages marocains reculés. Les scènes représentées sont baignées d’une lumière particulière que seul Qodaid sait saisir, pour nous offrir des compositions harmonieuses et chromatiquement équilibrées.

 

Résultats de la triple combinaison du regard, du geste et des émotions, les figures ne sont pas toujours explicites. Ses personnages paraissent parfois difformes mais sans jamais être hideux ou monstrueux. L’ensemble reste harmonieux. Les formes se tordent, s’étalent et se brisent parfois, mais sans jamais agresser. Lumière et ombre se touchent, s’enchevêtrent, se superposent dans d’épais coups de spatule. Il met la matière pour révéler la couleur et peint la lumière pour dévoiler la matière. Les deux côtés de Qodaid se retrouvent dans son art, se superposent, s’entraident. Une personnalité complexe avec laquelle Qodaid semble avoir fait la paix depuis bien longtemps.

 

Par Dr H. BOUHIOUI

Artiste peintre 2009

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