Suave errance poétique
C’est son
apparente obsession pour les personnages féminins qui donne le plus envie de connaître
l’artiste Abdelhalim Raji. On le dit rêveur et introverti. On dit aussi qu’il
aurait traversé des chemins semés d’embûches, avant de trouver son équilibre à
Paris. En fait, nul besoin de le connaître personnellement, son travail parle sans
ambigüité, utilisant un langage clair qui parle directement au cœur.
Abdelhalim
Raji est, de toute évidence, né un crayon à la main ! Diaboliquement adroit,
ses œuvres exécutées avec une certaine dose de pragmatisme et de discernement,
font preuve d’une maîtrise incontestable du dessin, mais aussi de la peinture
parfaitement dosée. Admirable trait, délicats coups de pinceau. Rien n’échappe
à cet artiste piquant qui ne privilégie pas vraiment les effets du hasard.
Les
personnages de Raji s’imposent immédiatement à nous. Ses œuvres sont d’une rare
beauté, soulignant ainsi son attachement vital et sensuel à la vie. Sa peinture
provoque instantanément, chez l’observateur, une bousculade d’émotions et de
sensations souvent agréables –parfois confuses.
Après
une longue disgrâce, le thème ‘humain’ retourne en force dans le monde de
l’art, avec comme corollaire un franc retour
aux diverses expressions de la figuration. On s’intéresse de nouveau à l’autre,
avec ses inquiétudes, ses forces et ses fragilités. Certains peintres jadis
abstraits, se sont donc mis dernièrement à la figuration –parfois avec une
difficulté visible. Mais Raji s’est affranchi depuis longtemps des limites que les
autres dressaient entre la figuration et l’abstraction, il s’est construit, au
fil du temps, un univers émouvant, chargé d’amour et de pudeur. Les portraits
et les silhouettes féminines, souvent dans une exquise errance poétique, sont
cernés de signes berbères et d’autres motifs que l’artiste aurait absorbés
durant ses pérégrinations.
Avec
sa gamme chromatique plutôt sobre, terre de sienne, terre d’ombre, et divers ocres,
Raji suggère avec une grâce délicate toute en évocation légère et avec beaucoup
de pudeur, l’essence de la féminité maure, chatouillant ainsi le divin et son
insondable mystère.
Dr H. BOUHIOUI
Artiste peintre 2010